Sunday, July 12, 2009

Lettre aux 3 dirigeants europeéns-FR

Mr. Fredrik Reinfeldt, Président en exercice de l’Union européenne

Mr. José Manuel Barroso, Président de la Commission européenne

Mr. Hans-Gert Pöttering, Président du Parlement européen


Messieurs,

En qualité de représentants d’un large éventail d’organisations sociales, culturelles et politiques iraniennes en Europe, nous voudrions remercier l’Union Européenne pour ses prises de positions exprimées au cours de ces dernières semaines pour la défense des droits de l’homme et pour la promotion de la démocratie en Iran.

Vos déclarations ont été très appréciées en Iran par tous ceux qui luttent pour inciter le régime en place à Téhéran à abandonner le contrôle totalitaire de la société et pour accepter la volonté du peuple.

Sur le terrain, la lute est difficile. En plus des scènes de violence que vous avez pu voir sur les chaînes de télévision européennes, vous savez que plus de mille personnes ont été arrêtées et que beaucoup d’entre elles été torturées et ont subi des traitements cruels et dégradants.

A ce jour, plusieurs dizaines de personnes ont perdu la vie depuis le jour de l’élection.

Quelle que soit la méthode d’expression non-violente à laquelle le people iranien a eu recours, le régime de M Ahmadinejad, avec l’appui du Guide Suprême, a choisi de répondre par la violence en mobilisant sa milice (Bassij) et d’autres groupes paramilitaires. Ils ont notamment envahi des maisons individuelles et des immeubles à appartements pour empêcher les gens de communiquer entre eux depuis les toits.

Comme vous le savez, après une période de flottement, le Conseil des gardiens de la Constitution a entériné le résultat final de l’élection présidentielle.

La ligne dure du régime a donc eu gain de cause pour le moment.

Cependant, la lutte pour la liberté est loin d’être terminée, et bénéficie d’un large soutien, même au sein des institutions de la République Islamique plus divisées que jamais.

Nous défendons l’idée, en tant qu’Iraniens vivant à l’étranger, qu’une nouvelle élection présidentielle doit être organisée en présence d’observateurs internationaux. Ceci est la seule option politique et morale défendable pour celles et ceux qui défendent la démocratie et l’état de droit.

Nous comprenons que l’Union européenne a été réticente à appeler ouvertement à la tenue d’une nouvelle élection en Iran. Car le dossier nucléaire et l’équilibre géopolitique au Moyen-Orient sont en jeu.

Nous sommes aussi conscients du legs d'amertume laissé dans notre pays par l'interférence étrangère dans l’histoire de notre pays et de la facilité avec laquelle le régime en place actuellement à Téhéran peut exploiter ces erreurs douloureuses de l’histoire.

Nous considérons, cependant, que l’Union européenne peut et doit s’engager résolument à ce moment crucial pour notre pays.

Car en dépit de ce que M. Ahmadinejad prétend, la République islamique est sensible à l’opinion internationale, et tout particulièrement lorsque les critiques résolues de l’intérieur rejoignent celles provenant de l’extérieur.

L’effet de l’opinion internationale est bien plus efficace et encourageant pour le peuple iranien en lutte lorsqu’il est question du respect universel des droits de l’homme que lorsqu’il s’agit d’une prise de position extérieure basée sur l’expression d’intérêts purement géostratégiques.

L’Union européenne peut accentuer sa pression sur le régime de M. Ahmadinejad en prenant une série de mesures qui ne remet pas en question ses options géostratégiques dans la région:

* premièrement, en appelant à l’action au niveau des Nations Unies pour l’organisation d’une session spéciale du Conseil des droits de l’homme. Ceci pourrait conduire à la nomination d’un Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Iran et à l’envoi d’une mission conjointe de ce Rapporteur avec les Rapporteurs spéciaux déjà en charge dans les domaines suivants : la torture et les autres traitements et punitions cruelles, inhumaines et dégradantes; les exécutions sommaires et arbitraires extra-légales; la liberté d’opinion et d’expression; la situation des défenseurs locaux des droits de l’homme;
* deuxièmement, en convoquant l’Ambassadeur Iranien auprès de l’UE devant le Conseil des Ministres de l’UE afin d’exiger la relaxe immédiate de toutes les personnes qui ont été arrêtées depuis le 12 juin et en convoquant tous les Ambassadeurs iraniens en poste dans les 27 pays membres de l’UE pour une même démarche;
* troisièmement, en étendant l’interdiction de l’octroi de visa européen pour les personnes responsables des violations des droits de l’homme agissant pour le compte du régime de M. Ahmadinejad, par exemple pour tous les commandants nationaux et régionaux des forces de sécurité (Pasdaran) et des milices (Bassij). C’est-à-dire en ne limitant plus les interdictions d’octroi de visa aux personnes liées au dossier nucléaire; en appelant le Conseil de Sécurité des Nations Unies à faire de même à son niveau;
* quatrièmement, en appelant le Conseil de Sécurité des Nations Unies d’étendre les sanctions financières pour inclure les corps constitués et les individus responsables des plus graves violations des droits de l’homme au sein du régime de M. Ahmadinejad;
* cinquièmement, en menaçant d’adopter et en faisant adopter au niveau international d’autres formes de sanctions politiques qui devraient conduire à l’ostracisation claire du régime en place à Téhéran en minant ainsi sa crédibilité sans heurter la population; en ce compris par des sanctions sportives ce qui ne manquerait pas de susciter de l’émotion dans un pays féru de football comme l’Iran;
* sixièmement, en proposant par le biais de contacts directs avec le Majlis iranien, d’envoyer une délégation du Parlement européen en Iran au cours des toutes prochaines semaines pour aborder la question de la situation des droits de l’homme et pour maintenir ouvert le dialogue avec le Majlis.



Nous sommes conscients que la lutte du peuple iranien pour la liberté et pour la démocratie sera plus longue qu’espérée. Mais ce processus est irréversible et le people iranien saura se souvenir de celles et de ceux qui auront soutenu cette lutte. Nous osons espérer que l’Union européenne saura choisir le camp des justes.

Nous vous prions d’agréer, Messieurs, l’expression de notre considération distinguée.



Ali Samad,

Au nom des associations signataires (voir ci-dessous)

9 juillet 2009



iranianbelgique@yahoo.fr



1. Committee of Iranian Residents in Belgium
2. Association de la Défense du Front pour la République et la Démocratie en Iran-Belgique
3. Fédération Europerse
4. Centre Culturel Persepolis- Belgique
5. Organization of Iranian People’s Fadaian(Majority)- Belgium
6. Foyer des Réfugies iraniens en Belgique
7. Iraans Mulicultureel Centrum-Hamme- Belgium
8. Gastvrij Gent- Belgium
9. Iranian National (Popular) Front-Europe
10. European Cultural Network of Iranians
11. Platform of Iranian Refugee Organisations in The Netherlands
12. Association of Iranians in The Netherlands
13. Parti Constitutionnel Iran- section Danemark
14. Parti Social-Démocrate Iran- section Danemark
15. Iranian National Front –section Germany
16. La maison Culturelle Azerbaïjan-Essen- Germany
17. Foyer des Défenseurs des Droits de l’Homme en Iran- Belgique
18. Collectif francophone pour un Iran libre et démocratique

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